dieu merci! personne !! free)

Violine s'avança en trainant les pieds jusque dans la chambre qui lui avait assigné avec d'autres personnes. Elle n'avait pas encore rencontré le quatrième logeur mais elle n'était pas pressée.
Là, elle avait déjà son cota avec Frank comme voisin de palier. Même s'il n'y avait que le salon de commun, c'était déjà largement suffisant.
Elle passa la tête par la porte.
Personne.
Pour la première fois depuis des lustres, elle faillit crier de joie.
Mais elle se retint. Sa réputation voulait qu'elle n'était pas une personne très démonstrative, alors il fallait s'y tenir. Si seulement ils savaient combien elle pouvait être dingue. Loin de cette jeune femme coincée et sarcastique qui faisait des envieux.
Et quels envieurs...
Elle chassa ses mauvaises pensés et entra dans la pièce en rangeant ses chaussures dans sa partie de buanderie puis se réchauffa un café dans le petit coin bar qu'ils s'étaient aménagés. Puis elle se glissa dans le divan avec un soupir de bien être.
Après une journée chiante et éreintante, rien ne valait le silence de son demi chez soi!
Pas un bruit! Pas de chanteur mégalomane! Pas de nouvelles recrues paniquées par la grandeur de M.U.S.E.
Rien qu'elle et ses pensés étranges.

Deux jours. Frank l'évitait depuis deux jours. Pas qu'il soit lâche ou qu'il ait peur d'un nouvel d'affrontement. Depuis le temps, il s'était habitué à claquer toutes sortes de méchancetés au nez de Violine. Mais cette fois c'était légèrement différent. Elle l'avait vu rampant dans le noir, elle avait tenté de l'aider puis elle s'en était allé. Bien sur il n'avait pas mâché ses mots, et avait bien veillé à renchérir ses pensées par des expressions excessives. Il monta les marches conduisant au premier étage, là ou se trouvait leur chambre commune. Il espérait ne pas l'y trouver. Frank veillait vraiment, à entrer et sortir à des moments ou elle ne pourrait pas le voire. Il avait même raté deux répétitions, et avait locké son portable afin que personne ne puisse le joindre. Après tout, Violine devait surement avoir commencé un casting pour le remplacer. Il soupira. Pourquoi cela lui faisait-il mal ? C'était si ... Irréel. Quand la haine prend le dessus, il est si difficile de filtrer ses émotions ou de garder des réaction logiques.

" Salut." Lança-t-il pour la forme. Il épia le couloir principal du regard. Personne. La jeune homme s'avança nonchalamment vers le salon. L'odeur du bon café venait chatouiller ses narines, et exciter sa langue vicieuse. Elle claquait contre son palet. Cette odeur, lui rappellait le bon parfum d'Italie. Les journées d'été passées à somnoler dans la véranda avec sa mère qui narrait les mille et unes astuces afin d'avoir de jolies fleurs l'hibiscus roses. Il sourit, mais son visage se figea bien assez tôt lorsqu'il découvrit Violine sur le divan. Il resta stoïque, sans le mouvement, sans le mot. Tiens, elle avait troqué son pyjama de grand-mère conte celui de grand-père!

Violine était tombée dans une douce torpeur tout en sirotant son café. Ses pensés voltigeaient à milles lieux de M.U.S.E. retournant aux odeurs de Milan. Elle se souvenait de ses après-midi passés au L'Eglise Sainte Maria pour admirer la Cène. Et ses dégustations le matin de la Panettone, la brioche que sa mère faisait la veille et dont l'odeur embaumait toute la maison.
Tout cela lui manquait dans ce genre de moment.
Elle entendit vaguement un bruit de porte puis de pas sur la moquette mais n'y prit pas attention plus que cela.
Sentant quelqu'un la fixer, elle leva les yeux et vit Frank, la bouche ouverte.
Elle poussa un léger soupir.
Génial!
Elle qui voulait un moment de plénitude sereine, c'était partie pour la géguerre débile surtout quand elle vit qu'il fixait sa tenue. Violine avait décidé de se changer un peu à l'avance avant et avait passé un pantalon bleu rayé blanc et une très longue chemise d'homme bleu roi qui lui arrivait aux genoux et dont elle avait retroussé les manches.
La jeune femme adorait cette tenue. C'état le pyjama de son grand-père, mort alors qu'elle n'avait que huit ans. C'était le seul membre de sa famille qui lui avait témoigné de l'attention et de l'amour. Il y avait même encore l'odeur de lavande, très légère, sur le tissus grâce aux sacs que sa grand-mère confectionnait. De la lavande des plaines de Milan.
Un délice. Un souvenir vivifiant.
Violine se détourna et but une gorgée de son café italien.

"Il en reste dans la machine, si tu veux. Ma mère m'a envoyé du café de Milan." Déclara-t-elle d'une voix neutre sans le regarder.

Elle n'était pas du genre revêche et de toute façon, elle en avait plus qu'assez de tenter d'apporter quelque chose dans sa caboche de chien fou arrogant.

Frank la regarda tout à coup différemment. Son accoutrement était certes bouffon, mais elle avait l'air complètement ailleurs. Violine semblait s'enivrait d'odeurs, et d'images qu'il ne voyait pas. Comme si, elle était plongée dans l'obscurité la plus totale. Son coeur crépita, à l'intérieur de sa poitrine. Elle était vraiment contrariée. Le jeune homme baissa les yeux. Si elle lui en voulait tant que ça ... Peut-être devrait-il présenter des excuses. Ou pas. Il ne se voyait vraiment pas implorer son pardon. Comment l'aborder ? Il n'en avait aucun idée. Il haussa les épaules.

" Non merci." Fit-il courtoisement.

Il n'avait jamais refusé du café italien auparavant, mais cette fois il pouvait bien se permettre ce sacrifice. Frank était peut-être friand de cette boisson chaude, mais pas au point de marcher sur sa fierté. Il ravala sa salive, et se promit de se payer une bonne tasse Illy la prochaine fois qu'il irait au centre ville.

"Moi, j'ai de la brioche, si tu veux." Proposa-t-il, en posant le délicieux met sur le comptoir de la kitchinette. Frank ouvrit le réfrigérateur, et prit une bouteille de jus multivitaminé. Il l'ouvrit et en bu la moitié d'une traite. Il la reposa et rejoignit Violine.

"Les recherches ont-elles été fructueuses ?" Demanda-t-il d'un ton dégagé, sans oser la regarder dans les yeux. Il fixait la surface lisse de l'écran LCD. La télé était pourtant éteinte, mais il avait besoin de se concentrer sur quelque chose.

Violine haussa un sourcil quand il refusa du café. Elle connaissait son amour pour le liquide noir mais elle ne discuta pas. Ce n'était pas elle qui se privait après tout.

" De la brioche?" S'étonna-t-elle.

Elle se leva et regarda le paquet qu'elle ouvrit.

" De la Panettone!" Sourit-elle légèrement.

Violine se tourna vers Frank et demanda:

"Je peux?"

Quand il lui fit signe qu'elle pouvait, elle prit un gros bout du gâteau mélangé à des fruits confis agrémentés d'agrumes et se resservit du café. Puis en versa dans une autre tasse qu'elle posa devant Frank. Elle savait bien qu'il adorait le café. Il lui vouait même un culte... presque!
Elle se rassit sur le divan en croisant ses jambes sous elle et le regarda en haussa un sourcil alors qu'elle dévorait le gâteau.

" Très bon! Merci!" Déclara-t-elle puis s'enquit. " Rechercher quoi au juste? Parce que si tu parles de la mélodie qui va avec le texte de Dan, Janson a trouvé un bon son. Il attend juste de voir ce que ta voix donneras dessus... "

Frank esquissa d'un sourire. Il lui avait proposé quelques minutes auparavant, elle n'avait donc pas à lui demander. Elle pouvait se servir directement. Il venait de rentrer de sa balade quotidienne dans les rue de l'ancienne ville. Il y' avait des antiquaires, des petites boutiques de poteries, et L'italienne. Une pâtisserie tenue par un vieil expatrié, Patricio. L'odeur de ses gâteaux, avait tout de suite ravivé les souvenirs du jeunes chanteur. Il avait reconnu les bonnes recettes de sa patrie.

" J'espère qu'elle te plait. Ce n'est pas une brioche fait maison. Je l'ai acheté d'une pâtisserie Italienne. C'est la première fois que j'essaye. Si elle est bonne on pourrait y retourner." Souffla-t-il. " D'habitude les gâteaux commercialisé ici ne portent que l'adjectif " Italien" ..."

Il regarda la tasse de café fumante en face de lui. Ses mains devinrent moites, et ses papilles se mirent à le chatouiller. Il fit la moue, avant de céder. Il ne pouvait résister avec une telle tentation. Frank regarda Violine au coin. Une créature des ténèbres!

" Non, je parlais de ..." Il se tut tout à coup. Tant mieux si elle n'avait pas capté sa question. Un sourire joyeux se traça sur son visage. " Je suis désolé d'avoir raté les répétitions, mais j'avais quelques problèmes de santé."

En effet, il avait du aller voire son médecin pour son anomalie nocturne. Il lui avait aussi donné quelques anti-douleurs afin de calmer les maux qu'il ressentait un peu partout sur son corps. Avec toutes ses chutes, il avait plein de bleus.

" C'est bien qu'il ait pu trouver la bonne mélodie." continua-t-il calmement. [b]

Violine hocha la tête en finissant son morceau de gâteau et en faisant passer le tout avec une gorgée de café.

" Très bon! Je ne savais pas qu'il y avait une pâtisserie italienne dans le coin... Les gâteaux du pays me manque. Surtout ceux de ma mère. Mais ils sont quasi aussi bons!" Rigola-t-elle en se calant un peu mieux dans le divan.

Violine savait bien de quoi Frank parlait en posant sa question à double sens mais elle avait décidé, après sa discussion d'avec Kaelle et celle qu'elle avait eu avec Janson, de faire comme elle avait l'habitude de faire quand elle se disputait avec quelqu'un: comme si de rien n'était!
Soit la personne vidait son sac et ça allait mieux.. ou pas!
Soit elle faisait comme Violine et passait à autre chose. Après tout, certains sujets passés n'avaient pas toujours besoin d'éclaircissement.

" Rien de grave j'espère?" Demanda-t-elle en haussant un sourcil. " Disons plutôt qu'il a trouvé UNE mélodie plus que LA mélodie. Ca va dépendre de toi et de Nikki!"

Il sourit ravi. Il n'avait pas très faim, et donc n'était pas du tout tenté par la brioche, mais il avait pu le voire à l'odeur et à sa forme qu'elle était bonne. Il pourrait en juger plus tard, vers 17h si toute fois il avait un petit creux. Il bu une gorgée de café. Il était si beau. Il sentit toutes les saveurs de Rome crépiter dans sa bouche. A la manière de ces bonbons explosifs pour enfants. Ses yeux se fermèrent à la quête d'illustrations pour ce sentiment ambigu qu'il ressentait tout à coup.

" Ton café est trop bon aussi." Lança-t-il en papillonnant des yeux. " J'en avais pas gouté un aussi bon depuis les vacances dernières ou j'ai été chez mamma Lucia.

Il la regarda, souriant.

"Merci." Gratifia-t-il, sincère.

Frank repensa à sa visite médical. Comme d'habitude, il n'y avait aucun remède à sa cécité. C'était irréversible et il ne le savait que trop bien. Néanmoins un suivi était nécessaire et quelques calmants aussi.

"La routine. Juste un bilan banal." Mentit-il. "En fait, tous les moyens sont bons pour attirer l'attention sur moi ... Même faire le malade." S'amusa-t-il. " Je croyais que tu avais compris depuis le temps."

La nouvelle mélodie dépendait donc de sa voix. Il soupira. En général Janson, connaissait les bonnes gammes. Il y'avait donc peu de chances pour que ça ne marche pas. C'était pareil pour Nikki. Il sourit, avant de détailler son pyjama une seconde fois. Il se souvint tout à coup, ou il l'avait déjà vu.

"Ton pyjama ... C'est un vieux modèle Italien n'est-ce pas ? Mon grand-père avait le même en grenat." La taquina-t-il. " C'est vrai en plus." Ria-t-il. " C'est assez ... Masculin ..."

Violine leva les yeux au ciel puis lança en rigolant:

" Je peux te casser une jambe si tu veux... Il parait que les filles adorent s'occuper d'un infirme."

Elle sirota son café avec délectation avant de l'informer:

" En fait, ce café vient de Rome. Ma mère m'en envoie un paquet dès qu'elle quitte Milan. Je crois que j'ai bu du café d'un peu partout en Italie au moins une fois." Souffla-t-elle avec un sourire en coin.

La jeune femme haussa un sourcil en continuant de boire son café alors que Frank souriait en la détaillant.
Elle rougit sous sa remarque et se crispa un peu. Elle aimait bien son pyjama.

"[b] C'est normal. Il vient de mon grand-père... Parfois j'aime bien le porter...." Fit-elle en finissant sa tasse qu'elle posa ensuite sur la table basse et rigola. " Et puis, c'est plus confortable aussi!"

Bizarrement, Frank se mit à rire. Violine l'avait peut-être remballé mais il ne pouvait pas nier l'hilarité de la scène qu'il venait d'imaginer. Lui, traversant le hall de l'université avec une jambe plâtrée et une centaine de gamines tentant de jouer aux béquilles.

"Pourquoi tu es méchante ? Jalouse?" Sourit-il amusé." Si je suis entourée de jolies infirmières, tu auras du mal à me casser la seconde jambe."

Il sourit. Au fur et à mesure de son récit, Frank se sentait envieux. Il aurait aimé être aussi Italien qu'elle. En fait il ne connaissait que la petite ville natale de sa mère Novara, à quelques KM de la capitale. Il était incapable d'écrire correctement, mais pouvait parler couramment.

"Tu as de la chance. Je suis né à Hambourg d'un père Allemand et d'une mère expatriée. Je ne connais donc de ce pays que les quelques mois passés chez mes grand-parents maternels. Et ce fut assez, pour que je tombe complètement amoureux de mon Italie. Je ne connais donc pas tous les cafés. Peut-être qu'un jour, si j'arrive à te doper en calmants je pourrais t'obliger à me faire gouter tous ses café." Sourit-il le regard vague.

Il avait remarque ses joues écarlates mais avait tout de suite dévié le regard, comme si Violine était celle à ne pas voire. Bien qu'il aimait se rincer l'oeil et apprécier les diverses beauté, Frank la considérait comme la fille interdite. Comme une chambre noire et sombre. De toute façon, il ne pourrait jamais y voire clair.

"Une jolie nuisette brodée en soie, serait aussi très confortable." Souffla-t-il. " ça ferait ressortir tes formes de femme italienne. Je t'imagine bien avec un papillon en soie dans les cheveux, et des chaussettes rouges juste pour casser la chose. Et montrer ta maladresse chronique."

Violine hocha la tête vigoureusement.

" Super jalouse! Que ne donnerais-je pour des cris dans les oreilles toute la journée et être étouffée de calins!" Railla-t-elle, morte de rire en l'imaginant étouffer sous les jeunes filles piaillant.

Violine regarda Frank avec surprise. Elle avait toujours pensé qu'il connaissait mieux l'Italie que ça vu la façon dont il en parlait. Parfois elle avait même l'impression qu'il en revenait.

" Me doper en calmant?" S'étonna-t-elle avant de se moquer. " Il suffit juste que tu viennes le mardi de chaque semaine, j'en ai toujours. Pas énormément mais assez pour une vingtaine de café. Tu pourras avoir ta dose de drogue..."

Violine rougit encore plus mais détourna la tête pour ne pas le regarder.

" J'ai des...nuisettes mais pour le moment, mon pays me manque trop alors...." Souffla-t-elle légèrement en triturant la manque de sa chemise avec un petit sourire. " La Villa est juste à côté d'un champ de lavande que ma grand-mère va cueillir et met dans nos armoires. Ce pyjama a tellement été en contact avec les sachets de lavandes que même après un lavage intensif, il garde l'odeur des champs..."

Frank sourit amusé. Au moins elle trouvait la situation loquace. C"était plaisant de la voire rire pour une fois. Elle avait l'air moins effrayante. Son visage entier s'illuminait, et ses yeux chocolat se fermaient sur tous ses secrets. Il continua de la contempler. Il fut surpris de l'intérêt soudain, qu'il lui portait.

" Tu es dealeuse maintenant ? " S'amusa-t-il. " J'espère juste que tu ne me renieras pas quand je viendrais le mardi prochain, et tous ceux qui suivent jusqu'à ce qu'over-dose s'en suive."

Il vu la surprise sur son visage, quand il parla de son enfance. Peut-être qu'elle le prenait pour un Italien pure souche, un peu comme comme tous ceux qui l'avaient entendu parler de ce pays. Il y mettait un peu trop de passion, il parait.

"Oui, mais tu n'as pas LA nuisette. Je connais tous tes pyjamas depuis le temps." Sourit-il.

Violine étendit ses jambes sur le divan et regarda à nouveau Frank, la gêne passée.

" Je ne reviens jamais sur ma parole, je pensais que tu le savais." Lâcha-t-elle simplement. " Et puis, généralement, je prends une ou deux tasses et je renvoie le paquet à mon père quand j'arrive à le joindre. Alors parfois, le paquet se perd dans un endroit quelconque."

Elle sentit bizarrement une sorte de douleur se diffuser en elle. Un goût amer inonda sa gorge. Elle se demanda un instant ce qui lui arrivait mais quand elle croisa le regard de Frank elle ne put s'empêcher de répliquer:

"J'imagine fort bien... Mais quelle serait LA nuisette à ton avis? Et tu ne connais pas TOUS mes pyjamas... je t'assure! Tu ne connais que ceux que j'amène ici! Et encore! "

Il ne répliqua pas de suite, préférant déguster son café dans le calme le plus absolu. Violine venait de casser ce moment d'échange. Il y avait quelque chose dans sa voix, qui le grisait, qui l'effrayait aussi. Il n'essaya pas de la regarder, et posa sa tasse à son tour sur la table basse. Le chanteur ramena sa tête en arrière, avant de s'adosser au divan.

" Oui, en général tu tiens parole." Souffla-t-il d'un ton las. " J'aime beaucoup ... Cet instant. Nous devrions, être tout le temps comme ça." Confessa-t-il. " Mais ce serait trop étrange. Pour moi en tout cas."

Il se leva et prit les deux tasses, et les porta jusqu'au comptoir. Il regarda la tignasse brune qui dépassait du rebord du divan puis sourit. Elle était vraiment ... Bizarre.

" J'ai déjà fouillé dans ton armoire. Et vue ton goût, je doute que tu y ait LA nuisette quelque part." Se moqua-t-il. " Tu ne risques pas de la trouver toute seule ..."

Violine fronça les sourcils mais ne répondit rien à Frank.
Bien sur que c'était bizarre de les voir se parler normalement mais pas désagréable pour autant.
Elle eut un petit sourire en coin, un brin ironique, quand il parla d'avoir fouillé dans ses affaires.

" C'est charmant de savoir que tu vas faire un tour dans mes vêtements...." Grinça-t-elle en se levant pour s'étirer.

Elle le fusilla légèrement du regard avant de répliquer.

" Venant de quelqu'un qui met encore des slips Kangourous et américains, je ne vais pas me fier à ton jugement...." Se moqua-t-elle sans animosité pour autant. " Pourquoi me parles-tu de ça au juste? Te proposerais-tu pour venir faire les boutiques de lingerie avec moi?"

Elle le regarda avec innocence.

Frank la regarda avec un sourire au coin. C'était sûrement l'une des premières fois qu'il osait lui afficher cet aspect joueur de sa personnalité. Ce n'était pas comme s'il se découvrait face à elle, mais juste comme si , enfin, il pouvait être vrai et authentique. C'était un sentiment très complexe, mélange de négatif et de positif. Il avait envie de lui parler, mais son esprit l'en dissuadait en faisant défiler des captures d'images sous ses yeux électrique. Il soupira, bien malgré lui.

"N'essayerais-tu plutôt pas de m'inviter à venir avec toi ?" Taquina-t-il, faisant complètement la sourde oreille à sa réplique sur ses slips. Il reprit ses airs de crooneurs. Frank ne pouvait pas se permettre, d'être gentil ou amical avec elle. Pourquoi ? Tout simplement parce que son cœur criait " Au secours." Souffla-t-il d'une voix inaudible. Violine était un menace.

"Le campus compte 4565 étudiants. 68% sont des filles, et 53% ne rêvent que d'une chose, me faire entrer dans une boutique de lingerie." Commença-t-il d'une voix torturée, comme s'il avait un revolver pointé sur la tempe. " Calcule, si tu le peux, à partir de ces taux, ta position dans la file qui attend ..."

Il laissa les deux tasses et l'assiette sur le comptoir.

"Tu feras la vaisselle. C'est ton tour." Trancha-t-il, avant d'aller s'isoler dans sa chambre. La plus éclairée de toutes.

Violine resta sans voix un long moment. Elle ne répondit à aucune de ses remarques mais son visage se ferma complètement.
Son coeur se ferma à nouveau à triple tour.
Il venait à nouveau de la blesser mais on ne la reprendrait plus à s'ouvrir comme ça. Le seul qui ne l'avait jamais blessé était Janson...
Elle le laissa monter dans sa chambre, se leva et regarda la vaisselle. Une colère sourde monta en elle. Elle regarda le cake et son sachet de café. La bile lui monta dans la gorge. Elle prit le café, le jeta dans la poubelle à côté de la machine et se promit d'envoyer un message à sa mère pour ne plus lui envoyer de café.
Pour la première fois de sa vie, Violine allait se défaire d'une parole.
Elle monta dans sa chambre, passa un pantalon noir et un pull bleu en laine à large col puis des baskets. Elle regarda la robe noire en soie sur son lit, la plia et la rangea dans la grande boite sous son matelas. Elle était simple mais les bords étaient dans une dentelle très légère dont elle adorait le toucher.
La soie italienne était vraiment unique!
Un cadeau d'un ami italien...
Elle l'enferma puis sortit de sa chambre pour aller faire un tour dehors.
C'était un fait: elle détestait viscéralement le caractère désopilant du chanteur.